Amis de la Chapelle Victoria

Une construction de la communauté britannique autour de John Lord Bows

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Les travaux étaient juste terminés quand arriva en villégiature la reine Victoria le 25 mars 1891. A peine installée au Grand Hôtel de Grasse, elle se rendit à la chapelle St John pour assister au culte du Vendredi Saint. Au reste le zèle des commanditaires de la chapelle fut largement récompensé car la reine tout au long de son séjour l’honora de sa présence en participant à tous les services dominicaux, et crut devoir, à son retour en Angleterre, marquer sa reconnaissance par le don d’un vitrail réalisé par la prestigieuse firme londonienne Heaton, Butler and Bayne.

Ce vitrail représente saint Georges, patron de l’Angleterre, flanqué de deux saints personnage portant le nom de Jean — n’oublions pas que le commanditaire principal de la chapelle se prénomme lui aussi Jean (John Lord Bowes) : à gauche Jean Baptiste le précurseur et à droite, tenant à la main un extrait du livre de l’Apocalypse, le bel et imberbe évangéliste Jean, à la grâce juvénile, sous le patronage de qui fut placée la chapelle.

Au pied des deux Jean, des médaillons feuillus encadrent le monogramme de la reine : VRI entrelacés (Victoria Regina Imperatrix). Au pied de saint Georges, le ruban de la jarretière, sur lequel on peut lire la fameuse devise de l’ordre « Honi soit qui mal y pense », sert de cadre aux blasons de la Grande-Bretagne (Angleterre, Pays de Galles et Ecosse). Et plus bas, on trouve une inscription :  » To the glory of God and in remembrance of her visit, Her Majesty Victoria, queen of Great Britain and Ireland, empress of India ».

En vis-à-vis, il y a le vitrail mémoriel offert par la famille Bowes à la mort, en cette même année 1891, de John Lord Bowes lui-même. Il représente le Christ entouré d’Osée à gauche et de Malachie à droite, le premier et le dernier des « petits prophètes » avec des textes porteurs de la promesse de résurrection ; Malachie 3,20 : « le soleil de justice se lèvera, portant la guérison sous ses ailes » et Osée 6,2 :  » il nous rendra la vie dans deux jours ; le 3e jour il nous relèvera et nous vivrons devant lui « .

Le vitrail aux cinq femmes

Plus loin, il y a un bel ange musicien au drapé magnifique, aux couleurs diaphanes, gris, or et argent, offert à l’occasion heureuse d’un mariage.

Enfin, il y a encore, sortant également des ateliers de l’entreprise Heaton, Butler & Bayne, la grande et très belle verrière du fond de la chapelle, donnée par la baronne Alice de Rothschild « in loving memory of Mary Sands » son amie très chère : on y voit cinq femmes placées sous la protection d’une colombe portant un rameau d’olivier en son bec, symbole de la première alliance de Dieu avec les hommes après le déluge.

Les trois femmes du centre sont des allégories et représentent l’Espérance, l’Amour et la Vérité qui tient dans sa main droite haut levée une lampe. Et de part et d’autre se tiennent deux héroïnes bibliques : Myriam la sœur de Moïse et Aaron, le tambourin à la main, prête à mener la danse pour célébrer le miraculeux passage de la mer Rouge et la délivrance d’Israël, et Ruth la Moabite, l’arrière-grand-mère étrangère de David, la glaneuse, que l’on reconnaît à son van d’osier et à une discrète gerbe de blé. Et, surprise, cette dernière a les traits de Mary Sands, décédée prématurément à l’âge de 43 ans. Elle porte au cou un somptueux collier de perles qui lui aurait été offert par la baronne en guise d’amitié et comme un symbole des larmes versées par les deux amies à la mort accidentelle de Mahlon Sands l’époux de Mary quelques années plus tôt..

Aujourd'hui lieu de culte des Protestants Unie de Grasse

A Grasse comme ailleurs la 1ére Guerre mondiale a considérablement amoindri la colonie anglaise. La mort en 1922 de la baronne de Rothschild qui, bien que juive, avait été un soutien financier généreux de la chapelle, le crack de Wall Street en 1929 et la crise financière qui s’ensuit fragilisent les finances de tous…

Les Anglais n’ont plus les moyens d’entretenir ni de chauffer la chapelle. Les protestants de Grasse qui n’ont pas de local convenable pour leur culte demandent à l’utiliser au moins « tant que les Anglais n’en n’auront pas besoin pour eux-mêmes » et ils obtiennent en 1948 l’accord de l’évêque de Gibraltar. Mais en 1950 un glissement de terrain occasionne des fissures inquiétantes. La chapelle risque de s’effondrer, d’ci 2 à 10 ans dit un expert. 

Ce qui ne semble pas trop perturber les protestants grassois qui continuent à l’utiliser. Comme la Société pour la propagation de l’Evangile à l’étranger, qui en est alors propriétaire, semble désireuse de liquider les temples anglicans devenus une charge inutile faute de fidèles, l’évêque de Gibraltar, désireux de dégager sa responsabilité, interdit l’utilisation de la chapelle aux anglicans et estime qu’il faut ou la détruire ou la céder gratuitement aux Réformés grassois.

L’Eglise Réformée de France fait savoir qu’elle est prête à accepter ce don. Et c’est ainsi qu’en 1970 ladite société fera officiellement donation de la chapelle à l’UNACERF (Union nationale des associations cultuelles de l’Eglise réformée de
France) tout en réservant la possibilité pour les anglicans de pouvoir y célébrer leur culte le cas échéant.

En attendant des interventions plus importantes, des travaux ponctuels de consolidation des fondations sont effectués, les gouttières sont refaites, un drain est pratiqué tout autour du bâtiment, l’intérieur de la chapelle est repeint, l’électricité est refaite, des appliques murales fabriquées avec des éléments de la balustrade qui séparait le chœur de la nef sont posées sur les poutres latérales afin de mettre en valeur la magnifique charpente.

L'Association "Les Amis de la chapelle Victoria"

Mais au fil des ans des fissures se font jour de tous côtés et force est de constater l’affaissement de l’ensemble de l’édifice. Il est urgent d’agir. Reste à trouver les fonds, il est créé pour cela une association des Amis de la Chapelle Victoria le 12 octobre 1995 chargée de récolter dons et subventions. Aussi généreux que fussent les protestants grassois, ils auraient été bien en peine d’assurer à eux seuls le financement complet des travaux sans l’obtention de subventions.

La Mairie de Grasse fut sollicitée de même que le Conseil général des A.M. et le Conseil régional PACA et ils participèrent eux aussi généreusement au financement de l’opération… Les travaux débutèrent courant 1997 avec le plus urgent : l’implantation de micropieux pour stabiliser définitivement l’édifice et se poursuivirent pendant plusieurs mois. Enfin l’inauguration de la chapelle rénovée eut lieu en avril 2000.

Depuis bien des travaux ont encore été lancés, la chapelle, telle une vieille dame, réclamant des soins constants, c’est la vie…

Les Amis de la Chapelle Victoria, quant à eux, ont poursuivi leur action en organisant chaque année des événements culturels sous forme de concerts, d’expositions, de conférences ou de manifestations littéraires et poétiques.

L’association fait ainsi découvrir la chapelle à un public élargi.

Venez nous rejoindre ! Et sachez-le, il y a beaucoup à apprendre à travers le graphisme des vitraux : c’est un vrai régal de déchiffrage !

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Amis de la Chapelle Victoria
Siège social : 1 traverse Victoria – 06130 Grasse
Tél. : 04 93 40 10 57 et 04 93 09 14 06
Courriel : info@amis-chapelle-victoria.org

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A l’occasion des 120 ans de la chapelle, une brochure magnifiquement illustrée a été publiée par Gilles Teulié, retraçant son histoire. Elle est disponible au Temple ou sur demande (utilisez le formulaire « Contact« ).

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