Edito du pasteur

Bonne rentrée

Pasteur Stephano Mercurio

Chères amies, chers amis,

Je voudrais tout d’abord vous adresser une parole de remerciement pour le bon accueil que vous nous avez réservé. Estelle et moi sommes très heureux d’être parmi vous.
Je commence ma 12ème année en France après 3 ans dans les Cévennes, 9 ans dans l’église de l’Est Var et 12 ans dans les Eglises Protestantes de l’Italie du nord.

Je suis à Palerme, en Sicile dans une famille chrétienne qui venait tout juste d’adhérer à l’Église Évangélique Vaudoise. J’ai assisté à mon premier culte quand j’avais quinze jours. Dans cette ville il y a un magnifique temple protestant à dix minutes du Port et à quinze minutes du Théâtre Massimo, le plus grand opéra d’Italie et l’un des plus grands  d’Europe après l’Opera Nationale de Paris et le Staatsoper à Vienne. Le plafond du temple est bleu mer et plein d’étoiles jaune or. Vu d’une poussette de bébé, il est le lieu idéal pour rêver les rêves d’Abraham : « Contemple le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter » (Gen.15).
Depuis ma jeunesse, le temple est pour moi une destination dominicale immanquable. Quand la Vespa a remplacé la poussette, la rock band du samedi soir s’est montée, le culte est resté pour moi un rdv précieux pour écouter la Parole de Dieu…, l’endroit où ma vocation pastorale a mûri tout doucement. A 18 ans avec ma valise et ma guitare électrique je suis donc parti étudier la théologie à la Faculté Protestante de Rome, là même où Enrico Benedetto deviendra professeur 20 ans plus tard.
Maintenant et durant les prochaines années, en communion et en collaboration active avec les frères et sœurs qui exercent ou qui souhaitent exercer un ministère dans l’église, j’espère pouvoir participer à la croissance spirituelle de nos deux églises.
Pour cela il est extrêmement important pour moi de me laisser conseiller et bien sûr corriger là où je pourrais me tromper… Quelqu’un m’a déjà fait remarquer que mes introductions bibliques aux CP sont trop longues… c’est une remarque importante que je reçois avec gratitude. J’aimerais m’améliorer, parfois m’adapter, même me conformer à la tradition locale sans oublier toutefois, chers frères et sœurs, que l’Evangile appelle tous (ceux qui arrivent et ceux qui sont là depuis toujours) à faire un pas au delà de la routine, des habitudes, du confort cultuel…. Sentez vous libres de me dire ce qui ne va pas dans ma façon de faire et je vous en serai toujours reconnaissant car l’essentiel est l’harmonie, la communion en Christ, le bon témoignage auprès de ceux qui attendent de nous la Bonne Nouvelle, la parole qui libère, la parole qui donne du sens, la parole qui ressuscite. J’essaierai de faire ma part et sais déjà que je pourrai compter sur chacun de vous.

Je vous souhaite une bonne rentrée au mois de septembre.

 

Pasteur Stephano Mercurio

 

 

 

22/01/2023

Prier pour tous les saints ?
Oui, prier pour tous les saints. Et même “priez pour tous les saints”, comme nous le dit Saint Paul dans le final du verset 18 du chapitre 6 de la Lettre aux Éphésiens.
Un impératif: quel culot!
D’habitude, nous considérons que la prière – à l’instar de tout acte, et il s’agit bien d’un acte – pour être libre ne peut surgir que d’une intention volontaire en absence de toute pression extérieure. Et si, au contraire, pour la prière la liberté consistait justement dans le fait de recevoir l’appel de Dieu qui nous est adressé non pas d’une façon obligatoire (le devoir n’y est pour rien) mais comme une liberté plus grande de celle, très conditionnée, dont nous jouissons par ce qu’on désigne comme “libre arbitre”? Ça signifie peut-être, tout simplement, que prier est impératif, donc – pour employer un terme à la page – prioritaire. Mais comme l’humain tend à s’occuper de ce qui n’est pas essentiel, en lui destinant une grande majorité de ses préoccupations (les fameuses “sollicitudes inutiles” dénoncés par Jésus, avec un clin d’œil à la psychologie contemporaine), l’injonction du Seigneur, par le biais de Paul, est vraisemblablement le seul facteur apte à débloquer notre retenue, cachant parfois une réticence prononcée. Prier pour tous les saints ferait toutefois une sacrée, aussi bien qu’interminable litanie. Pourquoi incommoder nommément les quelques centaines de canonisé(e)s qui encombrent le calendrier? Cette interprétation aurait souverainement surpris Saint Paul, qui d’ailleurs à l’époque n’était pas encore canoniquement tel. Car les saint – à la protestante: vous me le pardonnerez, j’espère – c’est… nous. Excusez du peu. Des vivants (comme les Chrétiens d’Éphése l’étaient à l’époque) et pas des morts, des gens ordinaires et pas extraordinaires, des croyants qui doutaient parfois… Ça revient à prier pour nous, ou mieux les un(e)s pour les autres, ce qui entraine dans notre vie des vies autres que la nôtre, en la déconfinant. Bonne Prière!
Pasteur Enrico Benedetto

 

 

 

13/01/2023

Chers Amis et Chères Amies en Jésus-Christ,
Dans nos vies, ô combien basculées sans cesse, on a souvent du mal – avouons-le – à faire le tri entre ce qui est urgent et ce qui est important, d’où une certaine confusion (et même une confusion certaine), source d’inquiétude, de stress et parfois de désorientation. L’existence devient alors une sorte de course-poursuite, qu’on réactive chaque matin, voire au cœur de la nuit selon le débit ininterrompu de nos messageries. Bien sûr, tout ou presque se présente sous le chrisme du non-négociable, comme l’évidence-même de quelque chose à laquelle il faut répondre dans les plus courts délais. Et si on n’y arrive pas, c’est un sentiment sournois d’inefficacité – la sœur cadette de la culpabilité – qui va s’emparer de nous. On fantasme de se “racheter” le jour – la semaine, le mois… – d’après, mais force est de constater qu’il y a des lendemains qui déchantent. Quoique largement amplifié par les temps que nous traversons, très propices sous prétexte de dynamisme à la consommation qui se fait souvent auto-consommation en nous exténuant, ce paysage de l’âme troublant poursuit l’homme depuis des siècles pour ne pas dire des millénaires. Le Seigneur Jésus l’a évoqué à plusieurs reprises, en particulier dans le Sermon sur la Montagne, en citant les “sollicitudes anxieuses”, qu’on pourrait rendre de nos jours par la formule “angoisses projectives de performance”. L’Évangile nous dit, très bonnement, que ce qui est important est urgent, tandis que l’envers – sauf exceptions – n’est pas valable. Pour citer un verset célèbre attribué à Jésus: “Cherchez d’abord le Royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroîtCertaines versions traduisent “par la suite”, mais  aucune ne restitue le grec par “tout de suite”. C’est qu’il n’y a pas d’automatisme. Et toutefois, nous sommes invités au nom de la Grâce de Dieu à ne pas nous laisser prendre de court par une immédiateté souvent piégée, cachant en réalité ce que le Nouveau Testament appelle “les œuvres de la Loi”, à savoir des corvées épuisantes. Certes, il nous est plus facile d’ajouter que d’enlever. Pourtant, choisir c’est forcement renoncer aussi. Établir un ordre de priorité, préserver des moments voués à une liberté de l’esprit non parasitée par interférences et déconcentration, fera reculer peu à peu fébrilité et perte d’horizon. Comment faire? En laissant que ce petit/grand changement de cap fasse sa route en nous au jour le jour en slalomant entre nos multiples contraintes.
Pasteur Enrico Benedetto

02/02/2023

Jacques, le mal aimé
 
  Le pauvre Jacques – dit traditionnellement, parfois, “le frère du Seigneur” – n’a jamais porté plainte contre Luther pour calomnies et dénigrements associés. Il aurait pu, même si quinze siècles le séparaient de l’Homme de Wittenberg. 
Pour Luther il était devenu une sorte de souffre-douleur, victime à plusieurs reprises d’emportements polémiques posthumes. Il ne lui pardonnait cette “lettre de paille” qui pourtant figure bel et bien dans le Nouveau Testament avec ses cinq chapitres pour un total de 108 versets. Qu’elle était sa faute présumée ? Si vous me passez un anachronisme, d’avoir été catholique et presque papiste avant l’heure. 
Son insistance sur les œuvres (agissements et actes, dirions nous de nous jours), à partir d’une théologie pas proprement paulinienne, semblait autoriser aux yeux du Réformateur la doctrine cléricale consistant à faire croire que le salut peut jaillir aussi de pratiques sur lesquelles Rome prélevait sa dîme. 
Or, Jacques n’y était pour rien. Il se retrouva otage d’un affrontement confessionnel dans lequel certains brandissaient triomphalement l’Étendard Jacques ou alors l’abaissaient dans  le mépris. Et bien, c’est très exactement sur Jacques le mal aimé que notre paroisse protestante à deux sites (Grasse/Vence) va se pencher pour quelques semaines. Nous avons commencé samedi et dimanche derniers en lui consacrant lecture en continu et prédication. 
Un demi-millénaire après Luther, force est de constater que son sujet de fond, loin de se cantonner dans les “œuvres de piété”, est bien… la communication/communion en Église. Le prétendument rétrograde Jacques se paye ses critiques en montrant des dysfonctionnements parfaitement contemporains. Les sémiologues et autres spécialistes du langage ont même été souverainement surpris que ce texte  datant de l’âge apostolique ait pu être rédigé il y a presque deux millénaires par un homme à coup sûr peu cultivé.
À nous, maintenant, de découvrir et savourer à petits pas sa richesse!
Pasteur Enrico  

Contact